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Le 1er mai : de la lutte ouvrière à une journée d’expression politique et sociétale

La Fédération Autonome de la Fonction Publique n'appelle que très rarement à manifester le 1er mai, alors qu'elle appelle régulièrement les agents publics à manifester notamment pour défendre les services publics, leurs carrières, leurs rémunérations, la préservation de leurs droits, etc.

Cette position peut sembler paradoxale pour une organisation syndicale et pourtant elle repose sur les principes fondateurs qui organisent son fonctionnement dans le cadre strict d'une INDÉPENDANCE ABSOLUE à l'égard des gouvernements, des autorités locales, des partis politiques et des idéologies philosophiques et religieuses.

N'en déplaise à quelques conservateurs le 1er mai du 19ème siècle, n'est pas celui du 21ème siècle. Les valeurs de défense de progrès social pour les travailleurs ayant été pervertis, parfois par ceux-là même qui les avaient portés aux nus, en transformant cette journée en un fourre-tout revendicatif parfois bien éloigné de ses fondements historiques.

Le 1er mai est aujourd'hui célébré dans plus de 80 pays comme la Journée internationale des travailleurs. Derrière cette appellation se cache une histoire dense, sociale et tragique, née de la volonté ouvrière de conquérir de nouveaux droits, notamment celui d'une journée de travail de 8 heures.

Le 1er mai 1886, des milliers de travailleurs américains se mettent en grève. À Chicago, la grève dégénère : des affrontements font plusieurs morts, et une bombe explose lors d'un rassemblement à Haymarket Square. Huit syndicalistes sont arrêtés : certains seront exécutés ou emprisonnés. Ils deviendront les "martyrs de Chicago".

Ce drame marquera à jamais le 1er mai comme une journée de combat international pour les droits des travailleurs.

En France, en 1890, à l'appel de la IIe Internationale, le 1er mai est célébré pour la première fois.

Les manifestants arborent un triangle rouge (8h de travail, 8h de repos, 8h de loisirs). Une églantine rouge succédera à ce premier symbole avant que le brin de muguet s'impose comme le symbole français du 1er mai.

Le 1er mai 1891 à Fourmies dans le Nord, la journée de célébration vire au drame, la répression d'une manifestation pacifique fait 9 morts.

Cet événement enracine le 1er mai comme symbole de résistance ouvrière en France.

En 1936, pendant le Front populaire, sous l'impulsion du gouvernement Blum, les syndicats mobilisent massivement. Les Accords de Matignon permettent les congés payés et la semaine de 40 heures.

En 1941, sous le Gouvernement de Vichy, le régime de Pétain fait du 1er mai une "Fête du travail et de la concorde sociale", niant ses origines militantes.

C'est enfin en 1947, sous la IVème République, que le 1er mai obtient une reconnaissance officielle par la Loi et devient un jour férié, chômé et payé.

Il reste le seul jour férié obligatoirement payé sans condition.

Aujourd'hui le 1er mai a pris la forme d'une journée d'expression élargie, évoluant du syndicalisme à la convergence des luttes, si le 1er mai reste emblématique de l'action syndicale, il est désormais investi par de nombreuses causes, allant de la défense des services publics, à l'égalité femmes-hommes, à l'opposition aux réformes régressives, mais aussi à la lutte contre les discriminations, à la mobilisation pour la justice sociale et climatique, à l'accueil des réfugiés et la défense des sans-papiers, aux droits humains dans le monde, au soutien aux luttes ouvrières ou syndicales étrangères, à la dénonciation des régimes autoritaires ou répressifs, à l'anti-impérialisme, l'anticolonialisme, l'altermondialisme et aux causes politiques internationales, pour ne citer qu'elles.

Cette pluralité fait du 1er mai un carrefour de luttes sociales et citoyennes, souvent en dehors des cadres syndicaux traditionnels.

Parallèlement le 1er mai est devenu également une date éminemment politique de l'extrême droite à l'extrême gauche, objet de rassemblement pour les uns et de baromètre social pour les autres, les gouvernements en faisant de leur côté un mètre étalon de la tension sociale et sociétale.

Mais le 1er mai c'est aussi pour une grande majorité des français une journée chômée et symboliquement rémunérée en reconnaissance de leur travail. Une journée ou l'on s'offre du muguet pour se souhaiter chance et bonheur, notamment au travail. Journée ou l'on profite de se retrouver en famille ou entre amis.

Dans le même temps pour bon nombre d'agents publics, le 1er mai, n'a pas la même signification, cette journée n'est pas libératoire, ceux-ci devant assurer la continuité des services publics de secours aux personnes, de soins et de sécurité publique, pour ne citer que ces missions indispensables à notre quotidien. Ils restent ainsi mobilisés pour que la majorité d'entre nous puissions bénéficier de cette journée sans inquiétude particulière.

Aussi dans ce contexte plus politique que revendicatif, la Fédération Autonome n'a historiquement, que très rarement appelée à manifester le 1er mai. Ce fut pourtant le cas en 2023 dans un contexte de rapport de force avec le gouvernement qui avait engagé une réforme des retraites particulièrement défavorables et violentes envers les agents publics. Une journée de manifestation de plus, qui s'inscrira dans une succession de 14 journées d'actions tout au long de cette année-là.

En conclusion, la Fédération Autonome de la Fonction Publique reste fidèle à ses principes d'indépendance absolue à l'égard des gouvernements, des autorités locales, des partis politiques et des idéologies philosophiques et religieuses. Et c'est dans le plus strict respect de l'autonomie du fonctionnement de ses fédérations affiliées, elle a toujours laissé la liberté à tous ses adhérents et sympathisants de se mobiliser individuellement et collectivement le 1er mai, comme en toutes occasions, dans le respect de ses statuts.

En affirmant ainsi son cœur d'action et de mobilisation, éloigné de causes qui ne seraient pas en relation directe avec les intérêts, à titre principal, des agents publics, elle affirme notamment sa différence et son éloignement des confédérations et fédérations de syndicats qui portent certes des revendications syndicales, mais se perdent dans le champ politique en prônant des revendications purement sociétales.  Elle sanctuarise ainsi ses appels à la mobilisation dans un cadre strictement en relation avec les revendications qu'elle porte pour la défense des agents publics et des services publics, en des occasions spécifiquement dédiées à la défense de celles-ci.

La Fédération Autonome de la Fonction Publique vous souhaite une belle fête du 1er mai, avec une pensée toute particulière pour celles et ceux qui restent mobilisés au service du public, notamment aux abords des cortèges.

Bon 1er mai à toutes et à tous.


Le 1er mai : de la lutte ouvrière à une journée d’expression politique et sociétale[01/05/2025]

 



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