Retraites: pourquoi trois syndicats de fonctionnaires ont déjà claqué la porte des concertations

En annonçant mercredi la fin des départs anticipés à la retraite pour les agents publics exerçant un métier pénible à l'exception de ceux en uniformes (policiers, pompiers...), le gouvernement a provoqué la colère et l'incompréhension de plusieurs syndicats de fonctionnaires.

AFP Publié le 08/01/2020 à 18:36, mis à jour le 08/01/2020 à 18:37
Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, le 6 janvier 2020 à l'Elysée Photo AFP

La CGT, la CFE-CGC et la FSU, opposées à la réforme des retraites, ont claqué la porte de ce qui devait être le "lancement de la concertation" sur la future prise en compte de la pénibilité dans la fonction publique, en présence de leur secrétaire d'Etat, Olivier Dussopt, et son homologue aux retraites, Laurent Pietraszewski, "resté seulement 15 minutes", selon ces syndicats.

FO et Solidaires avaient décidé dès mardi de boycotter cette réunion. CFDT, Unsa, CGC et FA-FP y ont participé.

A la veille d'une nouvelle journée de grève interprofessionnelle, M. Dussopt a annoncé aux syndicats, puis à la presse, la fin des "catégories actives", qui permettaient aux agents ayant un métier pénible de partir à la retraite de manière anticipée 5 ou 10 ans avant l'échéance.

"Aujourd'hui nous avons entre 800.000 et 900.000 agents en catégorie active, demain, il y aura à peu près 300.000 agents qui resteront en catégorie active au titre de ce qu'on appelle parfois les métiers en uniformes, en tout cas ceux exposés à de la dangerosité", a-t-il dit.

Policiers, pompiers, douaniers, surveillants pénitentiaires... continueront ainsi de pouvoir partir à la retraite entre 52 et 57 ans, contrairement aux aide-soignantes qui devront attendre 62 ans au lieu de 57, a précisé à l'AFP Martial Crance, secrétaire général adjoint de la CFDT fonction publique, présent à la réunion.

"A la place, il y aura le compte de prévention de la pénibilité (C2P) qui ne s'appliquera pas à tous et ne permettra d'obtenir que deux ans de départ anticipé", a-t-il déploré.

Néanmoins, selon M. Dussopt, "un des avantages" du futur système "est de permettre à des agents qui aujourd'hui ne sont pas dans les catégories actives d'être mieux pris en compte". Il a notamment cité les "agents d'accueil, de maintenance" ou "de permanence dans les préfectures" et qui "travaillent la nuit".

200.000 à 300.000 agents exclus

"Cette suppression va conduire des centaines de milliers d'agents à ne pas être reconnus dans la pénibilité", s'est insurgé Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT Fonction publique, en quittant la réunion. Il a chiffré le nombre d'agents lésés à "200.000 ou 300.000" qui "n'auront plus rien", un chiffre que M. Dussopt a qualifié d'"exagéré".

La CFDT a confirmé à l'AFP qu'avec la future réforme "300.000 agents pourraient être exclus" du dispositif dont ils bénéficient actuellement.

"A la place, il y aura le compte de prévention de la pénibilité (C2P) qui ne s'appliquera pas à tous et ne permettra d'obtenir que deux ans de départ anticipé", a-t-il précisé, déplorant l'exclusion notamment des aide-soignantes, contrôleurs aériens ou agents des services mortuaires et de désinfection.

"Le gouvernement n'entend rien concerter. Il refuse absolument de débattre des critères de pénibilité", a renchéri M. Canon pour qui "la seule solution" est "le rapport de force".

Le gouvernement a supprimé en 2017 quatre des dix critères de pénibilité: la manutention de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les risques chimiques.

La CFDT, à l'instar de l'Unsa, demande leur réintégration.

Pour Benoît Teste de la FSU, premier syndicat chez les enseignants, "aucune condition du dialogue n'est réunie, on a même l'impression que les positions du gouvernement se raidissent".

Les syndicats de fonctionnaires vont désormais devoir suivre, ou pas, "un calendrier très resserré" et "insuffisant", selon la CFDT et l'Unsa, "un passage en force", selon la CGT. Avec des "réunions bilatérales dans les jours qui viennent" pour "une première synthèse d'ici au 20 janvier" et un passage du texte en Conseil des ministres le 24 janvier, puis au Parlement à partir du 17 février.

La question des fins de carrière dans la fonction publique, doit faire l'objet de discussions parallèles dans le même temps, selon M. Dussopt. Le gouvernement a proposé que la retraite progressive puisse être étendue aux agents publics, sans en spécifier les modalités.

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Nice-Matin

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