L’État employeur n’appliquera pas la prime aux plus de cinq millions de fonctionnaires

Aucune revalorisation salariale collective ne sera non plus accordée aux agents en 2019. Les syndicats préparent la riposte.

Le gouvernement n’a pas pris la « mesure du malaise qui s’exprime dans la fonction publique ». Les organisations syndicales de fonctionnaires (CGC, CFTC, CFDT, CGT, FA/FP, FO, FSU, Solidaires et Unsa) étaient unanimes, vendredi, à l’issue d’une réunion avec Olivier Dussopt, secrétaire d’État chargé de la Fonction publique, pour témoigner de leur « mécontentement » devant « l’absence de réponse » quant aux attentes des agents sur le pouvoir d’achat. Toute revalorisation salariale a en effet été balayée par l’exécutif, alors que les policiers avaient obtenu, la veille, une augmentation moyenne de 120 euros. « Lorsqu’on augmente le point d’indice de 1 %, cela coûte au total 2 milliards d’euros de dépense publique, alors que pour un agent payé au Smic, c’est un gain d’à peu près 8 euros », a argumenté Olivier Dussopt, ajoutant que le « coût collectif est très important pour un avantage individuel qui est très faible ».

Un choix « absolument incompréhensible »

La prime exceptionnelle de fin d’année, suggérée par le gouvernement à tous les employeurs, a, elle aussi, été rejetée par l’État… employeur. « Il nous paraît difficile au niveau de l’État d’imposer aux collectivités locales et aux hôpitaux le versement d’une prime aussi conséquente », a justifié Olivier Dussopt, pour qui le « problème est purement budgétaire : cela représenterait une dépense de plus de 5 milliards d’euros ». Un choix « absolument incompréhensible », a réagi Mylène Jacquot (CFDT). En fait, seules trois des cinq mesures d’« urgence » en faveur du pouvoir d’achat concerneront partiellement les agents du public. L’exonération sociale et fiscale des heures supplémentaires à partir du 1er janvier devrait profiter à 1,5 million d’entre eux. Du moins si leurs employeurs leur en concèdent. La revalorisation de la prime d’activité bénéficiera à 600 000 très bas salaires, contre 400 000 actuellement.

Quant aux retraités du public, ils se verront appliquer comme à leurs homologues du privé le modeste relèvement du plafond des revenus donnant droit à exemption de la hausse de la CSG.

Après des années de gel du point d’indice, « la coupe est plus que pleine aujourd’hui », a dénoncé la CGT. Force ouvrière a, elle, fustigé « des annonces humiliantes pour les fonctionnaires ». L’intersyndicale évaluera début janvier « les moyens nécessaires pour peser afin d’être entendues ». Mais la CGT et FO estiment que « l’heure est plus que jamais à la mobilisation » d’ici à « fin janvier, début février 2019 ».

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