« Soit le chantier sur la rémunération est une montagne qui accouchera d’une souris, soit il fera mal… très mal », prophétise Denis Turbet-Delof (Solidaires) à l’issue de la réunion de lancement du chantier sur la rémunération, lundi 28 mai. Il s’agit de l’un des quatre grands axes de la concertation gouvernementale pour « refonder le contrat social avec les agents ».
Olivier Dussopt, le secrétaire d’Etat à la fonction publique, en début de séance, a rappelé le poids des rémunérations sur les dépenses publiques : brutes, elles représentaient 188 milliards d’euros en 2016 (15% des dépenses publiques et 8% du PIB) et 284 milliards d’euros en tenant compte des cotisations employeurs (23% des dépenses publiques et 13% du PIB). Ainsi se pose clairement la question des intentions du gouvernement, pour Denis Turbet-Delof : « Veut-il répondre aux injonctions de Bruxelles ou réellement améliorer les salaires des agents ? »
Ne pas créer de concurrence entre agents
La DGAFP a en tout cas relevé qu’en l’état actuel, les évolutions à la hausse du salaire permises par le système ne sont pas significatives, ou délicates à appliquer. Et donc insatisfaisantes.
Autre constat : les primes restent peu nombreuses malgré le déploiement du Rifseep. Ce qui conduit le gouvernement à s’interroger sur « les niveaux et modalités de modulation pour la reconnaissance du mérite des agents (individuel) et des équipes (collectif) ».
Le secrétaire d’État en charge de la Fonction publique se serait engagé à trouver une solution qui ne concurrence pas les trois versants, ni même les agents d’une seule et même structure.
Le risque serait en effet de faire imploser des administrations, signale Mylène Jacquot (CFDT), partisane de mieux « valoriser l’engagement professionnel collectif ». Définir le mérite sera aussi très délicat, prévient Bruno Collignon (FA-FP). Le militant appelle également à étudier de quelle manière ce principe serait pris en compte dans le calcul de la retraite.
Négociations salariales au niveau local ?
De leurs côtés, Christophe Couderc (CGT) et Didier Bourgoin (FSU) ont repéré, et s’inquiètent, d’une « réflexion nouvelle » entendue lors de cette première réunion. Elle émane d’un représentant de l’Assemblée des départements de France (1). Laquelle souhaite que soit abordée, dans le cadre de ce chantier sur la rémunération, « le sujet des inégalités de la vie entre les territoires [coût de l’immobilier, des transports etc.], qui créent de fait des inégalités de pouvoir d’achat entre agents », explique ce représentant à La Gazette des communes.
« Il s’agirait de négocier localement chaque année ce qui structure le salaire », croit comprendre Christophe Couderc. « Si on commence à aborder la question des salaires de la fonction publique sous l’angle ‘regardez, le coût de la vie n’est pas le même partout et il y a des avantagés’, les discussions seront tendues », avertit Didier Bourgoin.
Gouvernement, employeurs publics et syndicats entreront dans le vif du sujet fin juin avec un premier groupe de travail portant sur les « déterminants de la rémunération ». Deux autres se tiendront jusqu’à l’automne sur la « Définition des mécanismes de reconnaissance des mérites individuels et collectifs » et » Quelle structuration et politique de rémunération pour les agents publics ? ». Le rendez-vous salarial, quant à lui, devrait avoir lieu le 12 juin prochain.
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Notes
Note 01 Etait aussi présent lors de cette réunion, pour les employeurs territoriaux, un représentant de l'association des maires de France Retour au texte